5 options pour gérer le tsunami de liquidités qui déferle sur les entreprises

La politique de taux bas des banques centrales, combinée à une conservation d'actifs agressive, a considérablement augmenté la quantité de liquidités dans le système financier. Depuis la crise financière, la politique de la quasi-totalité des banques centrales mondiales consiste à noyer tous les problèmes dans un océan de liquidités, avant même qu'ils ne surviennent. Cela a entraîné une déferlante de liquidités dans les bilans des entreprises.

Tsunami

Depuis la Grande crise financière, les entreprises ont déjà bénéficié d'une reprise progressive de la croissance, tandis que la crainte de nouveaux chocs financiers a engendré une discipline rigoureuse en matière de coûts. Elles ont également freiné leurs investissements, surtout dans l'optimisation des processus, structures et chaînes d'approvisionnement.

Les entreprises sont en outre nombreuses à avoir adopté le modèle as-a-service. Elles peuvent donc réduire leurs stocks car elles s'appuient de plus en plus sur des entrepôts centralisés et les canaux digitaux. Leur besoin d'investissement s'en est encore trouvé diminué, sans que leur productivité ne soit compromise.

7 billions de dollars (= 7 mille milliards de dollars)

Un tel scénario semble être le paradis pour les chefs d'entreprise et une aubaine pour les actionnaires, même si ces derniers apprécieraient voir affluer chez eux davantage de liquidités excédentaires. Et cette montagne de liquidités est colossale selon les calculs de Bank of America.

Au deuxième trimestre 2009, les entreprises américaines ont déclaré une montagne de liquidités estimée à 2 billions de dollars. Au troisième trimestre 2021, celle-ci atteignait déjà 7 billions de dollars. Selon les données de S&P Capital IQ, les entreprises de l'indice américain S&P 500 auront à elles seules accumulé 1,3 milliard de dollars de liquidités supplémentaires dans leurs bilans en 2020.

Cette forte augmentation s'explique en partie par une politique d'émission d'obligations visant à profiter de conditions de financement favorables, sans que cela ne soit strictement nécessaire. Beaucoup d'argent a également été emprunté récemment pour surmonter le choc du coronavirus de 2020. Rien qu'en 2020, les entreprises américaines ont emprunté un montant record de 2,5 milliards de dollars sur les marchés obligataires, alors que le choc du coronavirus n'a pas provoqué le scénario redouté de l'implosion de la croissance économique, compromettant leur financement.

Les liquidités non utilisées ont été et sont pourtant généreusement reversées aux actionnaires. Mais cela n'a guère aidé, car les cash-flows libres ont également augmenté. Bien entendu, cela ne s'applique pas aux entreprises qui ont été touchées par la pandémie et qui continuent à brûler des liquidités, telles que les compagnies aériennes et les exploitants de cinémas.

Que faire de ces liquidités?

De nombreuses entreprises doivent décider de l'affectation de la fortune amassée. Cinq options s'offrent à elles:

1. Remboursement de la dette: les liquidités excédentaires peuvent être utilisées pour réduire les emprunts. Cette option est considérée comme le scénario de prédilection, surtout pour les entreprises traditionnellement cycliques sensibles car les investisseurs veulent éviter que ces entreprises ne doivent aborder la fin du cycle économique actuel avec un endettement excessif.

2. Dépenses d'investissement: Dans l'optique selon laquelle les investissements d'aujourd'hui seront rentables demain, le management est encouragé à dépenser et à stimuler ainsi la croissance future. Mais il n'est pas certain que cela améliore réellement les bilans.

Malgré la récente hausse des taux d'intérêt, les entreprises peuvent encore se financer facilement avec une dette à long terme à taux plancher. Investir dans sa propre entreprise est cependant une option préférable au simple remboursement de la dette, sauf si cette dette est trop élevée.

3. Achat d'actions propres: une approche plus agressive consiste à affecter le capital excédentaire au rachat d'actions propres. L'an dernier, les grandes banques américaines ont déjà procédé à des rachats d'actions propres pour environ 10 milliards de dollars sur une base trimestrielle, à l'instar de presque toutes les autres entreprises.

Bank of America a calculé que l'an dernier, les entreprises américaines avaient des programmes de rachat en cours de près de 1,23 billion de dollars, soit plus du double du montant de l'année précédente et un record historique.

4. Rachat de concurrents: nous avions déjà constaté ces dernières années une nette augmentation du nombre de buy-outs, financés en partie par des emprunts, en partie par des fonds propres.

5. Conservation des liquidités: les entreprises peuvent encore emprunter à très bon marché, donc nul besoin d'agir en principe. L'excédent de liquidités au bilan a un effet négatif sur la valorisation, mais il constitue aussi un tampon pratique et nécessaire pour amortir tout nouveau choc économique.

Même les entreprises moins solides ont pu se financer facilement. Près de 90% des obligations dites 'de pacotille' et plus de 95% des obligations investment grade se négocient à un prix égal ou supérieur à leur prix d'émission initial. Selon Ice Data Services, cela indique qu'elles peuvent se refinancer à moindre coût.

Des questions? Votre private banker ou votre wealth manager y répondra volontiers.

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Auteur: Tom Simonts

Ce bulletin d'information ne constitue ni une recommandation d'investissement ni un conseil.