Notre (cher) pain quotidien

Les prix des denrées alimentaires dans nos supermarchés ont flambé ces derniers mois. En Belgique, l'inflation des prix des produits alimentaires selon l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) (produits alimentaires et boissons non alcoolisées) a atteint un niveau sans précédent de 8,7% en juin. À titre de comparaison, l'inflation moyenne des produits alimentaires s’était établie à 2,1% entre 1997 et juin 2022. En outre, les prix de nombreux produits non alimentaires ont également fortement augmenté. Il devient donc de plus en plus difficile pour de nombreux ménages de mettre leur pain quotidien sur la table. Dans de nombreux autres pays, principalement les plus pauvres, la situation est encore plus dramatique. Selon les données du FMI, la palme de l’inflation alimentaire revient au Liban (396% en février), au Soudan (145% en mars) et à la Turquie (94% en juin).

La guerre n'est pas la seule coupable

Les causes de l'aggravation de la famine ne se limitent pas à la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Les mauvaises récoltes consécutives à des conditions climatiques extrêmes, l'augmentation depuis des années du prix des engrais et la pandémie de COVID ont également contribué à la hausse des prix de l’alimentation, à laquelle la guerre a il est vrai donné une impulsion supplémentaire. D'une part, en provoquant la hausse des prix des combustibles fossiles (importants pour la production d'engrais et le transport des aliments) et, d'autre part, en compliquant l’activité agricole et en perturbant les canaux d'exportation. Plusieurs pays ont en outre annoncé des interdictions d'exportation. Ainsi, l'Inde, l'Iran, l'Égypte et le Kazakhstan n'exportent plus de céréales et la Malaisie a suspendu ses exportations de poulets. Ces restrictions à l'exportation ont encore accentué la pression haussière sur les prix des denrées alimentaires.

De bonnes récoltes céréalières apportent une lueur d’espoir

Récemment, de bonnes nouvelles ont été communiquées à propos des prix des céréales. Ceux-ci sont retombés en juillet aux niveaux d'avant-guerre grâce à des récoltes abondantes en Australie et à des rendements agricoles relativement bons aux États-Unis et en France. La reprise des exportations de céréales en provenance d'Ukraine apportera également sa contribution, bien que l'incertitude entourant le respect de l'accord céréalier soit élevée et que les exportations soient lentes à redémarrer. Outre le blé, les prix de plusieurs autres produits, comme le café et l'huile de cuisson, ont récemment baissé.

Les problèmes ne sont pas encore réglés

Il est toutefois bien trop tôt pour se réjouir. Actuellement, l'Inde, premier exportateur de riz (représentant 40% du commerce mondial du riz), est confrontée à une sécheresse exceptionnelle en pleine saison de semailles. Si la récolte s’avère décevante d’ici la fin de l'année, l’Inde pourrait réduire ses exportations pour maîtriser l'inflation intérieure. Celle-ci est en effet déjà supérieure au seuil de tolérance de 6% de la Reserve Bank of India. Une interdiction d'exportation aurait des conséquences considérables pour une série de pays d'Asie et du Moyen-Orient. Une matière première à surveiller dans les mois à venir...

Bron: Bloomberg

IPCH produits alimentaires et boissons non alcoolisées Belgique (variation annuelle)

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Cora Vandamme

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