Comment une entreprise de transformation de légumes peut-elle s’écologiser?

Pour KBC Commercial Banking, l'industrie alimentaire est l'un des huit secteurs à durabiliser en priorité. Elle a ses défis spécifiques et cherche des solutions durables pour garantir la production alimentaire des générations à venir. Ces clients de KBC Commercial Banking, parmi d’autres, ont déjà réalisé de grands progrès dans ce domaine: Ardo et Agristo, deux acteurs mondiaux belges. Le premier est spécialisé dans les légumes, les fruits et les herbes surgelés et le second dans les produits de pommes de terre surgelés.

Ardo

  • Entreprise née de la fusion de deux sociétés d'une même famille, fondées à Ardooie en 1960 et 1968
  • 20 sites dans 9 pays
  • Exportations vers une centaine de pays
  • 4 000 collaborateurs et 3 500 cultivateurs
  • Près d'un million de tonnes de fruits, légumes et herbes traités chaque année
  • Un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros en 2022

Agristo

  • Entreprise familiale fondée à Harelbeke en 1985
  • 5 sites en Belgique et aux Pays-Bas, 1 en Inde
  • 12 points de vente dans le monde
  • 680 clients dans 145 pays
  • 1 200 collaborateurs potatoholics
  • 850 000 tonnes de produits finis par an
  • Un chiffre d'affaires de 900 millions d'euros en 2022
Emilie Haspeslagh, Gabrielle Kalkwijk, David Moucheron (ceo division Belgique KBC Group), Ward Claerbout, Antoon Wallays, Filip Ferrante (General Manager KBC Group Corporate Sustainability)

 

Le secteur alimentaire a un impact indéniable sur l'environnement, puisqu'il représente 26% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pour des entreprises de transformation alimentaire comme Ardo et Agristo, l'eau et l'énergie sont - comment pourrait-il en être autrement - largement responsables de cet impact environnemental. Elles doivent en effet laver les légumes et les pommes de terre, les cuire ou les frire, les réfrigérer et les congeler. Les cultivateurs partenaires consomment également beaucoup d'eau et ont un impact sur l'environnement de par l’utilisation de pesticides et d’engrais et la perturbation des sols.

Les entreprises de transformation alimentaire sont donc confrontées à un défi de taille: réduire considérablement leur impact sur le climat, encourager leurs fournisseurs à faire de même et, en outre, faire face aux effets négatifs du changement climatique. Et tout cela, de préférence sans sacrifier le rendement. Comment s’y prennent-elles?

ADN

séparé: il est ancré dans leur stratégie d’entreprise globale et leur management. Les deux entreprises ne se contentent pas non plus d'écologiser leur production: la sensibilisation de leurs collaborateurs, par exemple, est tout aussi importante. Anthony Wallays, fondateur d'Agristo: ‘Le développement durable fait partie de notre ADN. Nous sommes issus de familles d'agriculteurs et nous avons appris dès notre plus jeune âge à prendre soin de la nature et à l’exploiter avec parcimonie.’ Ardo a publié un rapport sur le développement durable bien avant que cela ne soit obligatoire. La durabilité est donc un élément transversal de ces deux entreprises, mais concentrons-nous un instant sur les défis spécifiques auxquels leur secteur est confronté.

Moins d'eau

Le défi: consommer moins d'eau, réutiliser une plus grande quantité d'eau, exploiter des sources alternatives. Les deux entreprises réutilisent par exemple les eaux usées épurées, entre autres comme eau de refroidissement. Ardo dispose d'un bassin d'eau de quelque 150 000 m² sur son site d'Ardooie et les agriculteurs des environs utilisent les eaux épurées de l'usine pour irriguer leurs terres. Agristo utilise l'eau épurée de la Lys sur son site de Wielsbeke et la rejette dans la rivière après l’avoir épurée. 'À Tilburg, nous coopérons avec d'autres entreprises pour l’épuration des eaux', explique Antoon Wallays. 'C'est plus efficace: nos eaux usées sont en effet complémentaires car elles contiennent des matières résiduelles différentes. Davantage de partenariats sont donc encore possibles.’

Moins d'énergie et une énergie plus durable

Le bassin d'eau d'Ardo avec 5 000 panneaux solaires

Le défi: consommer moins de gaz et d'électricité et maximiser l'énergie verte, autoproduite ou non. Emilie Haspeslagh, sustainability director chez Ardo: 'Quelque 5 000 panneaux solaires flottent sur notre bassin d’eau, mais c'est loin d'être suffisant pour qu'un gros consommateur atteigne la neutralité énergétique.' Ardo a investi dans deux installations qui transforment les déchets résiduels, tels que les épluchures de légumes, en bio-méthane pour produire de l'énergie. La chaleur résiduelle sert à chauffer les bureaux. Les lignes de production gourmandes en énergie vont être remplacées par de nouvelles installations plus économes.
Agristo récupère la chaleur de l'eau de traitement et extrait l'énergie de la combustion de déchets de bois non recyclables dans un réseau de chaleur qu'elle a installé avec une autre entreprise. Pour l'avenir, l’entreprise s’intéresse entre autres à l'hydrogène, aux pompes à chaleur et à l'énergie éolienne. Toutefois, ces solutions se heurtent encore à des obstacles, explique Ward Claerbout, external relations manager chez Agristo: 'Les pompes à chaleur industrielles ne sont pas encore au point. Et l’énergie éolienne? Le processus d'autorisation d'une éolienne est souvent si complexe que les entreprises ne se lancent pas'.

Des producteurs plus verts

Le réseau de chaleur Agristo basé sur la coopération

En plus de l’écologisation propre, il y a donc aussi l'impact des cultivateurs sur le climat. Ardo en compte environ 3 500. Ceux-ci sont notamment encouragés à n'utiliser les pesticides que de manière très ciblée, ce qui signifie que 77% des produits sont désormais exempts de résidus. Les cultivateurs appliquent également les principes de l'agriculture régénérative, tels que l'augmentation de la diversité des cultures et la réduction des perturbations des sols. Gabrielle Kalkwijk, CEO d'Ardo: 'Nous voyons au-delà de la seule récolte. Un meilleur sol retient davantage d'eau et résiste donc mieux à la sécheresse, et en cas de pluie abondante, il se draine mieux'.

Et pourquoi ne pas expérimenter? Agristo réfléchit par exemple au carbon farming - le stockage du carbone dans les terres agricoles - ou à la manière dont l'agriculture peut également faire partie de la solution. Ward Claerbout: 'Beaucoup de choses ont déjà changé, y compris des choses que nous pensions impossibles il y a quelques années, comme l'interdiction de certains agents conservateurs. Nous ne pouvons pas changer l'ensemble du secteur: nous pouvons lancer des projets pilotes et travailler avec les fédérations sectorielles.’ Gabrielle Kalkwijk commente également: 'Les aliments issus d'une agriculture plus durable sont généralement plus chers. Nous constatons que les détaillants et les consommateurs ne sont pas encore suffisamment disposés à payer ce supplément de prix'.

Circularité

Les déchets de légumes et de pommes de terre sont inévitables, mais ne doivent pas être gaspillés. Les deux entreprises transforment les épluchures en aliments pour animaux. Agristo veut aller plus loin et transformer les restes de pommes de terre en flocons de pommes de terre et bientôt en farine de pommes de terre, deux produits destinés à la consommation humaine. L'entreprise étudie également la possibilité d'utiliser les protéines de la pomme de terre pour fabriquer des substituts de viande végétaux, par exemple.

Rapport sur le développement durable

Voilà pour certaines des solutions concrètes pour un avenir plus durable. À cela s’ajoute l'obligation de reporting, pour laquelle l'Europe place la barre très haut. Depuis l'année dernière, la directive sur les rapports de durabilité des entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD) étend l'obligation d'information qui existait déjà pour les grandes entreprises cotées en bourse. Les grandes entreprises devront rendre compte de leur impact sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et de l’impact sur leur entreprise à partir de 2026, certaines dès 2024. Cela a des implications pour presque toutes les entreprises, car elles doivent fournir des informations. Comment voit-on les choses chez Ardo et Agristo? Emilie Haspeslagh: 'Cela reste imprécis, une meilleure définition nous serait bien utile. Le reporting est nécessaire, mais cela ne doit pas devenir trop complexe. Nous pouvons libérer des personnes qui s’y consacreraient, mais qu'en est-il des PME?’ Selon Ward Claerbout, le reporting pousse à réfléchir et cela est positif. 'Mais il y a pléthore de lois et de rapports, un élément que les autorités doivent prendre en compte. Le reporting en soi n’écologise pas: le temps que vous y consacrez pourrait aussi être mis à profit pour apporter une contribution concrète.’

Faire des choix

Un dernier conseil pour des collègues entrepreneurs? Emilie Haspeslagh: 'Les Nations unies ont défini 17 objectifs de développement durable (ODD). N'essayez pas de les atteindre tous: choisissez vos batailles'. Ward Claerbout: 'Trouvez des partenaires et des partenariats, comme nous l'avons fait pour nos sources d'eau alternatives. Nous sommes des producteurs de frites, pas des experts en eau'. (rires)

Gabrielle Kalkwijk et Emilie Haspeslagh (Ardo) ainsi qu’Antoon Wallays et Ward Claerbout (Agristo) étaient les orateurs lors de l'un des events grâce auxquels KBC entend inspirer et stimuler ses clients à l’aide des expériences, des passions et des réalisations d'autres entrepreneurs.

Découvrez d'autres témoignages inspirants