Vandewiele: 'Même les véhicules électriques comportent des pièces de chez nous.'

Peu d'entreprises belges investissent autant dans la R&D que le constructeur de machines courtraisien Vandewiele. Et ça rapporte. Rester un précurseur technologique, dépasser les attentes du marché, tels sont nos objectifs', déclare Charles Beauduin, CEO.

Vandewiele a commencé à construire des métiers à tisser il y a 165 ans. 'Des systèmes très mécaniques, dotés d’axes, d’engrenages et de boîtes de vitesses', explique Charles Beauduin, CEO. En quoi les produits de l'entreprise sont-ils différents aujourd'hui? 'Alors qu'il n'y avait auparavant qu'un seul moteur par machine, on en compte aujourd'hui 14 000, tous contrôlés par ordinateur. La mécanique a été remplacée par l'électronique et la robotique. Nous sommes devenus une entreprise technologique'.

Vandewiele fournit toujours des systèmes complets à l'industrie textile, mais des segments et composants sont aussi destinés à des secteurs très différents. 'Cela va des moteurs électriques pour Volvo et Scania aux montres électroniques pour eaux profondes. Même la génération actuelle de véhicules électriques intègre des pièces de chez nous'.
Rester un précurseur technologique, dépasser les attentes du marché: tels sont les objectifs de Vandewiele. Pour ce faire, l’entreprise consacre pas moins de 10% de son chiffre d'affaires aux investissements et environ 15% de sa main-d'œuvre à la recherche et au développement. 'L'intelligence artificielle, par exemple, est présente dans nos machines depuis longtemps. Les senseurs captent les signaux de l'environnement et la machine apprend à résoudre les problèmes'.

Philippe Selleslaghs confirme. En tant que senior banker chez KBC Commercial Banking, il a été pendant de nombreuses années l’interlocuteur de Vandewiele auprès de la banque. Il a suivi de près la croissance de l'entreprise. 'Lorsque j'ai visité Vandewiele il y a 15 ans, des robots circulaient déjà dans l'entrepôt.’

Convaincre la Chine

L'entreprise possède aujourd'hui des sites de production dans 14 pays. Ensemble, ceux-ci occupent près de quatre mille personnes. Vandewiele se caractérise par le degré d’autonomie particulièrement élevé accordé à ces sites. 'Offrir à chacun des opportunités de croissance relève des enjeux ESG (environnement, société et gouvernance)' et plus particulièrement sociétaux, explique Charles Beauduin. 'Mais nous n'avons pas besoin de reporting pour cela: l’ESG est inscrit dans notre ADN. Nous n’envoyons pas des expatriés diriger à l'étranger, mais nous employons un management local à qui nous laissons la liberté d’agir, dans le souci et le respect des différences culturelles'.

L'IA est présente dans nos machines depuis longtemps. Les senseurs captent les signaux de l'environnement et la machine apprend à résoudre les problèmes'. Charles Beauduin, Vandewiele

Charles Beauduin, CEO chez Vandewiele

Effectuer des transactions financières à l'étranger n’est pas une mince affaire, surtout lorsque des sommes importantes sont en jeu. Les principaux marchés d'exportation de l'entreprise sont la Chine, la Turquie, le Moyen-Orient, l'Ouzbékistan, le Pakistan et l'Inde, mais l'Italie représente aussi une part importante de son chiffre d’affaires. 'Dans certains de ces pays, il n'est pas facile d'accéder à des informations financières transparentes et l’octroi de crédits peut être risqué', explique Charles Beauduin. 'Lorsque nous y vendons des systèmes, c'est presque toujours par le biais de crédits documentaires, de garanties bancaires, etc.

Et c’est ici qu’intervient KBC, explique Philippe Selleslaghs. 'Nous servons alors de pont en assurant la liaison avec la banque locale du client et en jouant le rôle de banque de transfert de crédit'.
Pour Vandewiele, cela est essentiel. 'Le prix d'un métier à tisser avoisine 2 millions d’euros. Un tel montant nécessite des certitudes'. En outre, pour des sommes encore plus importantes, il arrive que KBC propose à l'acheteur étranger un crédit sur mesure.

KBC travaille également en étroite collaboration avec Vandewiele en Chine, ou du moins avec sa branche chinoise. 'Fidèles à notre approche décentralisée, nous n'avons jamais imposé notre banquier en Chine. Nous avons seulement indiqué que nous travaillions en bonne intelligence avec KBC et que notre banque était également présente en Chine. Pour le reste, il appartenait à la banque de convaincre l'équipe managériale locale de sa valeur ajoutée. Et elle y est parvenue', déclare Charles Beauduin.
Cela s’explique par des conditions de crédit attrayantes, 'mais aussi par notre relation avec la société mère, et surtout par l’état des lieux précis que nous avons de Vandewiele', explique Philippe Selleslaghs.

Rachat de Savio

En 2021, Vandewiele a racheté son concurrent italien Savio. 'Financièrement, l’acquisition était importante', déclare Charles Beauduin. 'Nous avons acheté Savio alors que l'entreprise était en difficulté, mais nous étions convaincus que nous pouvions la redresser. Relancer une entreprise active dans le secteur des biens d'investissement ne se fait évidemment pas en un jour, mais nous étions confiants.’
KBC a immédiatement cru en nous. 'Nous aurions pu payer l'acquisition, mais vu le secteur cyclique dans lequel nous opérons, nous préférons garder une marge de manœuvre pour faire face à d'éventuels aléas', précise Charles Beauduin. 'La faiblesse des taux d'intérêt a également joué un rôle, bien entendu. La demande auprès de KBC s'est déroulée sans problème et nous avons obtenu un crédit à des conditions intéressantes. Notre relation ne date pas d’hier'.

La continuité et l'expertise sont essentielles à une bonne relation entre la banque et l'entreprise, estime Charles Beauduin. 'Il vous faut un banquier attitré connaissant parfaitement les besoins de l'entreprise et capable d’être l’intermédiaire qui vous mettra directement en contact avec des spécialistes, qu'il s'agisse de leasing immobilier, de renting, de financement commercial ou d'investissements'.
Philippe Selleslaghs acquiesce. 'Je considère qu'il est de mon devoir de comprendre l'entreprise et le secteur aussi bien que possible. Cela nous permet de servir de caisse de résonance pour les grands projets d'investissement. Comme Vandewiele travaille avec de nombreux départements de KBC, j'assure également le suivi de la relation globale et je défends ses dossiers en interne auprès des comités de crédit'.

Plus vert, moins cher, plus efficace

Selon Philippe Selleslaghs, Vandewiele peut être une source d'inspiration pour les entreprises flamandes. 'Par son impressionnante trajectoire de croissance, mais peut-être encore plus par son leadership technologique attribuable à des investissements continus dans la recherche et le développement'.
Aujourd'hui, ces investissements se concentrent principalement sur l'efficacité énergétique. 'Bien entendu, nous voulons produire plus efficacement', déclare Charles Beauduin. 'Mais surtout, les machines que nous fournissons à nos clients doivent devenir plus économes en énergie, car c'est en fin de compte ce qui a le plus d'impact. Nous nous efforçons de réduire au maximum les gaspillages d'énergie et de matières premières. Plus vert, moins cher et plus efficace dans tous nos segments, telle est notre ambition.'

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