Les banques italiennes dans le collimateur politique européen

Les banques, jouets de la discipline budgétaire

Depuis que le mouvement cinq étoiles et la Lega Nord se sont coalisés, les banques italiennes sont lancées sur un parcours de montagnes russes qui comporte surtout des descentes. Cependant, il est frappant de constater que les banques de la zone euro ont largement suivi la même tendance. La corrélation entre l'indice bancaire de la zone euro (SX7E) et l'écart entre les obligations d'État italiennes et allemandes sont assez substantiels depuis quelques mois. Le fait que la plupart des banques espagnoles et françaises sont exposées à l'économie italienne ou à ses obligations d'État n'est pas étranger à cette situation.

Discipline budgétaire ou absence de discipline

En conséquence, les investisseurs en valeurs bancaires suivent actuellement de près les événements en Italie. Le 27 septembre, le nouveau gouvernement présentera son budget pour les trois prochaines années. Il y a actuellement beaucoup d'incertitude à ce sujet en raison des mesures assez énergiques contenues dans le document initial du gouvernement et du coût qu'elles représentent. Ces dernières semaines ont été marquées par la crainte que l'Italie ne fasse fi de la discipline budgétaire imposée et n'entre ainsi en conflit avec l'Europe.

Course folle des valeurs bancaires

A court terme, les actions des banques italiennes, et par extension européennes, pourraient bien rester fortement corrélées aux événements politiques italiens. Si le budget proposé ne s'avère pas trop expansif (une dette publique escomptée inférieure à 2 % du PIB pour 2019 par exemple), les valeurs bancaires pourraient s'envoler. Inversement, la situation serait bien entendu la même si le gouvernement italien devait ne pas prendre la marge budgétaire trop au pied de la lettre.

Espoir de jours meilleurs

Ces derniers jours, la confiance dans une issue positive semble l'emporter, en particulier à la suite de la communication au ton plus modéré du ministre des Finances Tria. La position de ce dernier au sein du gouvernement au cours des prochains mois pourrait bien être déterminante pour la suite du processus. Sa tentative de concilier les promesses électorales du gouvernement et les règles budgétaires de l'UE n'est toutefois pas un exercice facile.

La volatilité devrait persister

Les actions de banques italiennes devraient rester en proie à une forte volatilité pendant quelque temps encore. La proposition de budget qui sera divulguée avant la fin du mois doit encore recevoir l'aval de l'Europe avant la fin de l'année. Même si le déficit budgétaire italien escompté semble à première vue modeste, l'Europe pourrait encore soulever des objections, par exemple à l'égard des hypothèses économiques trop optimistes du gouvernement. Moody's et S&P procéderont également cette année encore à une actualisation de leur note. Une révision en baisse de la note italienne pourrait assombrir l'humeur et alourdir les coûts de financement des banques.

A plus long terme, des luttes politiques entre les deux partis de la coalition atypique en Italie ne sont pas à exclure non plus. Investir dans les banques italiennes reste donc risqué. D'un point de vue fondamental, les actions bancaires italiennes ne sont en revanche pas chères.

À court terme, ce sont surtout des facteurs externes qui détermineront la performance de ces banques sur le marché boursier. Pour Intesa Sanpaolo (conserver, cours cible: 2,40 EUR), nous maintenons notre recommandation neutre.

 

Ce graphique montre la performance boursière particulièrement décevante depuis la crise financière. A l'exception de Mediobanca, aucune banque ne produit un rendement positif.

Disclaimer
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