Le monde en images: août 2025, mauvaise passe pour la famille Macron
Quelque part près de Paris... le baromètre est loin d’être au beau fixe ces jours-ci chez les Macron, et ce n'est pas parce que l’été touche à sa fin. Emmanuel, le Président français, et son épouse Brigitte déambulent, la mine préoccupée. Notre voisin méridional lambda se délecte des articles de la presse à sensation, qui s'interroge sur le sexe de la Première dame. Cela fait quelque temps déjà que certaines sources, influenceurs et autres trolls, prétendent que madame Macron est en réalité son frère, Jean-Michel Trogneux, qui a changé de sexe il y a des années. Las (on le serait à moins), le couple a déposé une nouvelle plainte pour "diffamation et humiliation". Des soucis d’ordre privé, donc, pour le président et son épouse, mais la situation n’est guère plus détendue dans "la douce France".
L'agitation politique, qui ne date pas d’hier, a repris de l'ampleur ces dernières semaines. Des élections anticipées tenues en 2024 ont semé le chaos politique et les finances de la France sont en pagaille. L'année dernière, l'écart budgétaire s'élevait à 5,8% du PIB. Le Premier ministre François Bayrou entend le réduire à 4,6% d'ici à la fin de 2026. Mais un gouvernement minoritaire a besoin du soutien de l'opposition. François Bayrou a remis son sort entre les mains du Parlement, qui se prononcera le 8 septembre. L'impasse politique risque de faire vaciller plus encore les finances publiques. Nous le constatons également sur le marché obligataire, où les effets publics français se rapprochent des niveaux des titres italiens. Il s'agit pour ainsi dire du plus petit écart avec l'Italie depuis l'introduction de l'euro en 1999.
Et comme si les inquiétudes sur le front intérieur ne suffisaient pas, la France est bien sûr impliquée dans la guerre commerciale avec les États-Unis. Et on ne peut pas dire que les tensions géopolitiques se soient vraiment améliorées après le sommet en Alaska entre Trump et Poutine. En ce qui concerne les droits de douane, ça part dans tous les sens. Certains pays sont quelque peu épargnés, d'autres sont touchés de plein fouet. Certains partenaires commerciaux clés des États-Unis ont négocié des droits de douane inférieurs à ceux qui avaient été annoncés.
Il s'agit donc d'un tarif global de 15% pour le Japon et l'Europe, en échange d'une augmentation des investissements aux États-Unis et d'un assouplissement des restrictions à l'importation de produits américains. Les économistes estiment aujourd'hui que le taux effectif est de 18,3%, du jamais vu depuis la Grande Dépression. Si l’incertitude a été levée à court terme, la prudence reste de mise car de nombreux accords doivent encore être finalisés et coulés dans des textes définitifs, ce qui pourrait éventuellement faire remonter les tensions s’il faut négocier les termes exacts.
Qu'en est-il de l'évolution du marché boursier ces dernières semaines? L'Europe baigne dans l'incertitude politique. Il n'y a pas que la France qui patauge: l'impasse politique menace également les Pays-Bas, et l'Allemagne, moteur de croissance d'antan, a déjà connu des jours meilleurs. Aux États-Unis, nous savions que nous ne serions jamais à l’abri du vent avec Trump à la barre, mais l’investisseur outre-Atlantique n’en a visiblement que faire. L'avance en Bourse prise en début d'année sur le "vieux continent" s'est avérée de courte durée, du moins pour l'instant. Vous vous rappelez? Au début de l'année 2025, l'Europe est véritablement sortie des starting-blocks, les États-Unis ont pris un coup sur la tête en voyant l'indice technologique Nasdaq plonger de 20% dans le rouge, tandis que l'Europe s'est globalement redressée assez vite. La performance européenne était alors encore largement portée par les prouesses de la Bourse allemande, ce qui a de quoi étonner sachant que l’économie du pays est en difficulté. Mais il faut rendre à César ce qui lui appartient: la performance des huit premiers mois revient aux marchés boursiers du sud de l'Europe: Espagne +28,8%, Milan +23,4%, Portugal +21,7%.
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Revenons à la comparaison entre l'Europe et les États-Unis. La remontée européenne réalisée au printemps par les plus grandes entreprises, contenues dans l'Eurostoxx50, s'est faite rapidement, mais elle n’a pas duré. Et l’on observe aujourd’hui un glissement latéral. Le Nasdaq, qui avait perdu 20% début avril, s’affiche quant à lui déjà à 11% dans le vert. Un mouvement à saluer! Il est vrai qu’en tant qu'investisseurs européens, nous devons tenir compte de la dépréciation du dollar (environ 12%). Ce qui n’empêche nullement l’investisseur américain de dormir.
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Retour à la case départ pour le prix du pétrole
Le rebond du prix du baril de Brent vers les 80 dollars a été de courte durée. En cause, la pression exercée par les États-Unis sur la Russie et la menace de sanctions à l'encontre des pays qui continuent d'acheter du pétrole russe. L'Inde disposait de quelques raffineries qui ont cessé les importations en provenance de Russie, mais Pékin ignore la menace et continue d'importer du pétrole russe en abondance. L'OPEP+ a encore augmenté l'offre ces derniers mois, ce qui crée naturellement une pression à la baisse sur les prix. C’est ainsi que 547 000 barils supplémentaires seront pompés chaque jour à partir de ce mois-ci. Les futures dénotent toujours une légère augmentation des prix du gaz naturel dans notre région à l'approche de l'hiver. Les réserves de gaz naturel sont légèrement inférieures aux moyennes historiques mais dans l'ensemble, elles sont plus que suffisantes pour absorber en douceur la première offensive hivernale.
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L'inflation européenne est conforme à l'objectif; c’est une autre paire de manches aux États-Unis
Grand soupir de soulagement au siège de la Banque centrale européenne à Francfort. L’inflation de la zone euro s’est stabilisée à 2% en juillet. Pile dans le mille, tout le monde est content. L'inflation de base a également marqué une pause (2,5%). Nous avons observé une hausse de l'inflation des biens et un ralentissement de l'inflation des services.
Aux États-Unis, une récession "technique" a été évitée. L'économie américaine a progressé de 0,75% en glissement trimestriel au dernier trimestre, ce qui représente une forte augmentation par rapport à la croissance négative des trois premiers mois de 2025. Au premier trimestre, les importations ont grimpé en flèche en prévision des droits de douane américains, ce qui a plombé le taux de croissance. La situation s’est calmée au deuxième trimestre, entraînant une contribution positive des exportations nettes à la croissance. Nous observons cependant des signes de ralentissement de l'économie américaine. Au cours des prochains trimestres, la hausse des droits de douane entraînera à coup sûr un nouveau fléchissement de la croissance. Les indicateurs de confiance dénotent un manque de confiance et le marché du travail commence à faiblir. Le nombre d'emplois augmente très modérément (106 000 seulement, soit trois fois moins que la moyenne historique).
Aux États-Unis, les pressions inflationnistes s'intensifient peu à peu. L'inflation de base est passée de 2,9% à 3,1% en juillet et elle a augmenté de 0,3% en base mensuelle. Les services de soins médicaux et les services de transport ont été les principaux responsables, mais la hausse des prix des voitures n’y est pas étrangère non plus.
Fixed Income
Jackson Hole et le budget du gouvernement français déterminent les marchés obligataires de part et d’autre de l'Atlantique.
En août 2025, les marchés des taux américains ont affiché une nette tendance à l'assouplissement, tandis que l'Europe était confrontée à de nouvelles tensions, non seulement économiques, mais également politiques en France.
États-Unis: Jackson Hole et la critique à l’égard de la banque centrale.
Aux États-Unis, la Réserve fédérale a maintenu son taux directeur à 4,25-4,50%. Le président Jerome Powell a néanmoins laissé entendre, lors de la conférence annuelle de Jackson Hole, qu'une baisse des taux pourrait être décidée en septembre, à condition que les données économiques continuent d'évoluer dans le bon sens. Ce revirement "dovish" a entraîné une hausse sur les marchés d’actions et une baisse des taux d'intérêt à court terme, les investisseurs se repositionnant dans l'attente d'une politique monétaire plus accommodante.
En attendant, l'indépendance de la Fed a de nouveau fait débat. Le président Trump a publiquement fait pression sur la banque centrale pour qu'elle réduise les taux d'intérêt et a intensifié cette pression en critiquant ouvertement les responsables de la Fed. La suggestion controversée de licencier la gouverneure de la Fed, Lisa Cook, a alimenté les spéculations sur l'ingérence politique dans la stratégie monétaire. La réaction des marchés des taux ne s’est pas fait attendre. Les bons du Trésor à 30 ans sont passés de 4,78 à 4,94%.
Europe: La BCE garde le cap mais les risques politiques s’intensifient
En Europe, la BCE a gardé le cap. Le taux de dépôt a été maintenu à 2,00%, tandis que les prévisions d'inflation pour 2025 sont restées fixées aux alentours de 2,0%. Des facteurs favorables tels que la baisse des prix de l'énergie et le renforcement de l'euro ont permis à la banque centrale de maintenir sa politique. La croissance économique dans la zone euro est restée modérée, avec un taux de croissance attendu d'environ 0,9% pour l'année.
Dans le même temps, les marchés obligataires européens ont pâti des développements politiques en France. En août, le gouvernement français a dû faire face à une pression accrue à la fois des marchés financiers et de l'opposition nationale concernant sa politique budgétaire. Les inquiétudes concernant l'aggravation du déficit budgétaire et la possibilité d'élections anticipées ont entraîné une hausse du taux français à 10 ans de 3,26% à 3,50%, creusant ainsi le différentiel de taux d'intérêt avec l'Allemagne à près de 0,8%. Ce différentiel de taux d'intérêt montre que les investisseurs commencent à réévaluer les risques politiques. S’en est suivie une légère pression haussière sur les taux périphériques dans d'autres pays tels que l'Italie et l'Espagne.
La BCE maintient donc sa politique pour l'instant, mais le signal des marchés était clair: une nouvelle instabilité politique dans un pays clé comme la France pourrait limiter la marge de manœuvre monétaire de la BCE, surtout si cette instabilité se traduit par des tensions financières plus importantes au sein de la zone euro. Le gouverneur de la BCE, Olli Rehn, a également mis en garde contre les pressions politiques exercées sur les banques centrales, tant aux États-Unis qu'éventuellement en Europe, qui menacent la crédibilité de la politique monétaire.
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Nous avons annoncé le mois dernier une tendance latérale pour le dollar américain pour les mois à venir. Et c'est exactement ce que le marché des changes a enregistré en août. Le dollar est resté dans la fourchette 1,16-1,17. La baisse des taux attendue aux États-Unis le mois prochain et les difficultés budgétaires en France ont maintenu le dollar à l'équilibre par rapport à l'euro.
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En résumé
le mois d'août 2025 a été marqué par des dynamiques divergentes: aux États-Unis, une Fed prudente sous la pression politique, et en Europe, une BCE qui est restée apparemment stable mais qui a dû faire face à de nouvelles tensions en France. Les déboires budgétaires de la France ont démontré une fois de plus que la stabilité politique est un pilier indispensable au maintien de la marge de manœuvre monétaire au sein de la zone euro. Les courbes des taux se sont raidies tant aux États-Unis qu'en Europe.
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