Le monde en images: cafards au sol
Les cafards sont considérés comme nuisibles dans de nombreuses régions. Indésirables, ils sont le signe d’un environnement malpropre et peuvent propager des agents pathogènes. Ceci dit, tous les habitants de la planète ne pensent pas pareil. Ces petites bêtes sont un véritable mets de choix dans certaines régions comme l'Amérique centrale et l'Asie. Et pourtant, les scientifiques les jugent remarquables. Elles grouillent ici depuis des millions d'années et sont présentes dans le monde entier. Coriaces, ces petites bêtes sont par ailleurs difficiles à exterminer.
Une chose est sûre. Si vous en voyez une dans le coin, vous pouvez être sûr qu’elle n’est pas seule et que toutes ses copines pointeront le bout du nez tôt ou tard. Voilà qui nous amène, sans transition, sur les marchés financiers, puisque là aussi, les cafards grouillent parfois de manière invisible. Pas au sol, du moins, nous l’espérons, mais dans le domaine de la méthode comptable, où les observateurs parlent parfois de la ‘Coackroach Theory’, ou ‘théorie du cafard’ en français.
D’après cette ‘théorie du cafard’, une mauvaise nouvelle arrive rarement seule. Même des révélations au sein d'une entreprise peuvent être le signe que l'ensemble du secteur fait face aux mêmes problèmes, encore invisibles. On a par exemple appris, début octobre, que certaines banques régionales aux États-Unis, telles que Zions Bancorporation et Western Alliance, connaissaient des cas de fraude sur certains prêts et des pertes de crédit considérables. Une situation qui a intensifié les préoccupations entourant la qualité du crédit et la gestion des risques dans certaines petites banques américaines. Le spectre de la crise bancaire de 2008 a brièvement refait surface.
Le banquier américain de premier plan Jamie Dimon, CEO de la grande banque JP Morgan, s’est servi de la métaphore du cafard pour avertir que certaines faillites récentes pourraient être le signe précurseur de problèmes de crédit plus profonds qui se cachent dans le système. Son point de vue? Si un emprunteur douteux tombe, il y a de fortes chances pour que d'autres suivent, tels des cafards trappés dans l'obscurité. Dimon souligne qu'après une décennie de croissance du crédit, des excédents se sont accumulés. ‘Lorsque l'économie reprendra, les problèmes de crédit seront encore plus nombreux’.
Malgré l'avertissement de Jamie, les marchés d’actions mondiaux ont encore gagné du terrain allègrement, portés par les investissements massifs dans l'IA et par la baisse des taux d'intérêt opérée par la Réserve fédérale (Fed). Sur les marchés d'actions européens, l'optimisme a un peu perdu de sa superbe et les indices ont moins bien performé.
Aux États-Unis, la Fed, qui semble peu à peu maîtriser l'inflation, a réduit ses taux de 25 points de base, tandis que les banquiers centraux de l'UE (BCE) gardent résolument le même ton. Ces choix politiques ont provoqué la volatilité sur les marchés d’actions mondiaux. Les investisseurs ont écouté attentivement et ont vivement réagi à la communication des banques centrales. L'accent mis sur l'inflation et la croissance économique a redéfini les attentes pour 2026.
Pour réduire les tensions commerciales et continuer à stimuler les marchés, Donald Trump est parvenu à conclure un accord temporaire avec Xi Jinping. Le président américain a accordé à Xi Jinping une réduction de 10% des droits de douane sur les produits chinois et a obtenu en échange des engagements concernant le fentanyl et les importations agricoles. La Chine a également promis d'assouplir les restrictions sur les exportations des métaux terres rares. Ce dégel géopolitique a stimulé les marchés en Asie et aux États-Unis. Des doutes subsistent néanmoins quant à la durabilité de l'accord.
L’influence de Donald Trump sur les marchés d’actions s’est vue, une fois encore, par la forte croissance des valeurs pharmaceutiques à la suite de certains accords.
Les géants de la tech continuent de faire fluctuer les marchés boursiers. Les résultats trimestriels des grandes technologiques américaines ont entraîné de fortes variations de cours. Alphabet (Google) a dépassé les attentes avec plus de 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires, tandis que Meta et Microsoft ont déçu. Meta a chuté de 11% après une importante dépréciation, et Microsoft a lâché 3% en raison des coûts liés aux investissements dans l'IA. Le Nasdaq et le S&P 500 ont vivement réagi. Les résultats remettent en question la durabilité du rally des‘Sept Magnifiques’. Ces sept actions reflètent néanmoins toujours plus de 30% de la valeur de marché totale du S&P 500. La barre des 35% n'est plus qu'à deux doigts (voir graphique). Où cela s'arrêtera-t-il?
Les marchés asiatiques ont progressé avec enthousiasme grâce aux baisses des taux et à l'optimisme entourant les puces. Les marchés boursiers du Japon et de la Corée du Sud ont grimpé en flèche en octobre. Le Nikkei 225 a franchi pour la première fois la barre des 51 000 points. Samsung a annoncé un investissement majeur dans les GPU de Nvidia pour la production de puces. Dans le même temps, Hong Kong a réduit ses taux d'intérêt, favorisant ainsi la liquidité dans la région. Des inquiétudes subsistent cependant quant aux droits de douane américains et à leur effet sur les exportations asiatiques.
Les marchés boursiers européens ont encore profité du récent assouplissement monétaire. L’agitation politique en France n'a pas empêché le CAC40 de se redresser. Les risques géopolitiques sont également loin d'être écartés.
Fixed Income
"Les cafards et le shutdown détournent les marchés des taux d'intérêt et des devises en octobre"
Les taux américains à long terme ont baissé au début du mois en raison des taux d'inflation favorables et de la crainte d'une explosion des turbulences bancaires. Après la réunion de la Réserve fédérale, les taux d'intérêt sont repartis à la hausse sur fond de déclarations prudentes du président Powell. Dans la zone euro, les taux d'intérêt ont fait du yoyo pour terminer le mois pratiquement inchangés.
États-Unis: la Réserve fédérale réduit son taux directeur, mais…
Aux États-Unis, le mois d'octobre s’est ouvert sur une baisse des taux des emprunts d’État à long terme. Le taux à 10 ans est passé sous la barre des 4% et a même atteint 3,95% le 22 octobre. Ce mouvement a été initié par les inquiétudes entourant la croissance mondiale et la résurgence des tensions géopolitiques. Le ‘shutdown’, c’est-à-dire la fermeture des administrations américaines, a renforcé la fuite vers les obligations sûres.
Les taux à court terme sont restés relativement élevés, entraînant un léger aplatissement de la courbe des taux. La Réserve fédérale a réduit son taux directeur de 25 points de base comme prévu, et si certains analystes tablaient sur une nouvelle baisse en décembre, selon ‘Jay’ Jerome Powell, rien n’est moins sûr. Ce qui n’a pas été sans conséquences sur les taux à plus long terme, le vent tournant vers la fin du mois pour les taux à long terme, qui sont remontés à 4,11%.
Europe: La BCE dispose d'une marge de manœuvre pour laisser sa politique inchangée
En Europe, la BCE est restée fidèle à sa politique et a maintenu ses taux inchangés. L'inflation dans la zone euro est restée proche de sa cible, ce qui permet à la banque centrale de maintenir sa politique inchangée pour l'instant.
Le taux du Bund allemand à 10 ans a baissé au cours du mois pour atteindre 2,55% environ le 21 octobre. Les investisseurs ont cherché des refuges plus sûrs compte tenu des doutes concernant l’ampleur de la dette américaine et la croissance mondiale. Les taux français se sont également redressés après avoir culminé à 3,60% et ont baissé à 3,30%. Les taux à long terme demeurent néanmoins sensibles à l'augmentation de la dette publique et à l'instabilité politique dans des pays comme la France. Vers la fin du mois d'octobre, les taux d'intérêt ont de nouveau remonté légèrement, et le taux du Bund est revenu à des niveaux un brin inférieurs, à 2,65%. La courbe des taux de la zone euro est restée relativement stable.
Écarts de taux: risk-on avec prudence
Sur les marchés du crédit, nous avons constaté que les marges de taux d’intérêt pour les obligations de qualité investment grade en Europe se sont quelque peu réduits du fait de l'amélioration de la qualité du crédit et de conditions de financement relativement favorables. Dans le segment du haut rendement, la réduction des marges de taux d'intérêt est restée plus modeste. Un cafard (lisez: une faillite dans le secteur bancaire américain) a fait augmenter la provision pour risque de crédit supplémentaire pendant un moment, sachant qu'un cafard ne se promène jamais seul, dixit Jamie Dimon, le célèbre CEO de JP Morgan. Le nombre de faillites est resté assez limité et les écarts de taux pour le haut rendement ont retrouvé les niveaux de début septembre. Conséquence: un sentiment risk-on persistant, mais avec une certaine prudence.
Sur le marché des changes, le dollar a connu une évolution mitigée. Dans un premier temps, le dollar s'est affaibli, voyant que les taux d'intérêt américains baissaient et que les risques augmentaient, mais lorsque les marchés ont commencé à douter d'un assouplissement rapide (réduction des taux) de la part de la Fed, le billet vert a repris des couleurs et s'est apprécié, passant de 1,1750 début octobre à 1,1537 fin octobre.
En octobre, les marchés obligataires et des devises ont oscillé entre apaisement (grâce à la baisse des taux et aux valeurs refuges) et résurgence des inquiétudes (concernant l'inflation, la politique et les perspectives de croissance). Aux États-Unis, les taux à long terme ont continué à baisser avant de remonter. Les mouvements en Europe ont été globalement limités. Les écarts de taux se sont améliorés légèrement, ce qui dénote un retour de l'appétence au risque chez les investisseurs.
S’agissant de novembre, les marchés obligataires se prépareront à un hiver imprévisible. Les investisseurs seront particulièrement attentifs aux nouvelles données sur l'inflation (aux États-Unis et dans la zone euro), aux réunions politiques de la Fed et de la BCE, et aux signaux concernant les négociations sur le budget et la dette outre-Atlantique. Par ailleurs, la volatilité sur le marché des changes reste un point d’attention, en particulier si les attentes en matière de taux ou les risques géopolitiques refont surface.
Stratégie d'investissement KBC
Positionnement sectoriel dans la stratégie
Actions cycliques: L'augmentation des droits de douane américains sur les importations assombrit les perspectives de ces secteurs. Nous restons prudents à l'égard des entreprises industrielles, mais nous demeurons neutres à l'égard des Matériaux. Nous sommes un peu plus prudents à l'égard des sociétés de luxe européennes et nous adoptons une position neutre à l'égard de Tesla. Nous avons encore augmenté les valeurs cycliques américaines récemment, car elles profitent de la dépréciation du dollar.
Actions défensives: Sur le plan sectoriel, nous donnons la préférence aux soins de santé. Nous continuons à étoffer le secteur et sommes désormais fortement surpondérés au vu de sa valorisation attrayante et de ses belles perspectives. Nous achetons à la fois des sociétés pharmaceutiques traditionnelles et des technologies médicales. Nous continuons de sous-pondérer les biens de consommation de base. Nous sommes désormais positifs sur les télécommunications américaines, en raison d'une valorisation attrayante, des révisions à la hausse des prévisions bénéficiaires et de la forte demande d'Internet mobile.
Actions financières: Nous surpondérons le secteur financier. Les marges d’intérêts restent élevées, un effet que l’évolution attendue de la courbe des taux renforcera encore dans les mois qui viennent. Nous conservons une préférence pour les banques européennes et américaines. Ces dernières profitent d'une réglementation moins stricte. En ce qui concerne les banques européennes, nous avons récemment pris quelques bénéfices après leurs très belles performances de ces derniers mois.
Immobilier: Après avoir traversé une période difficile, l’immobilier devrait pouvoir profiter de taux plus bas qu’il y a quelques années. Néanmoins, les taux d'intérêt à long terme restent assez élevés, ce qui pèse encore sur le coût du financement dans ce secteur essentiellement américain. En raison de l'accent américain dans le secteur, nous maintenons notre avis neutre.
Technologie: Nous surpondérons le secteur technologique au sens large (Technologies de l'information + Services de communication), mais nous prenons quelques bénéfices et ne surpondérons donc plus fortement les technologies de l'information. En termes sous-jacents, nous restons positifs sur les logiciels, les semi-conducteurs et les médias, mais nous sommes légèrement négatifs sur le matériel.
Une stratégie d'investissement sur mesure.
Que se passe-t-il à l'échelle mondiale? Et quelles sont les conséquences pour les marchés financiers? Dans la Stratégie d’investissement KBC, nous développons nos perspectives géographiques, sectorielles et thématiques.
Des questions?
Votre private banker ou wealth manager voud aidera davantage.