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Notre monde exige un nouveau leadership

L'importance accordée à la durabilité amène les entreprises à se fixer d'autres priorités. Cela exige un autre type de dirigeants, capables de comprendre où nous voulons emmener la société et comment ils peuvent nous y aider. Ce nouveau leadership peut également servir de boussole aux investisseurs.

Un nouveau leadership

'Un nouveau leadership implique de prendre des décisions tenant compte des intérêts de vos actionnaires, mais aussi des intérêts de vos autres parties prenantes: vos collaborateurs, vos clients, vos fournisseurs, l'environnement, le voisinage et surtout les générations futures.'

Katleen De Stobbeleir, professeur de Leadership à la Vlerick Business School: 'Ce type de leadership est nouveau. Pendant des décennies, l'accent a été mis sur la 'primauté des actionnaires'. 'L'intérêt de l'actionnaire était la seule chose que le management prenait en compte. Toutes les décisions étaient prises dans cette optique.'

'L'évolution de la société vers la durabilité oblige les entreprises à prendre en compte d'autres aspects, comme la durabilité, en plus de leurs activités principales', poursuit Katleen De Stobbeleir. 'Le centre de gravité se déplace de la réactivité vers la proactivité. Alors qu'auparavant les entreprises n'en voyaient pas l'utilité ou ne s'y intéressaient que pour éviter les problèmes, le ton change. Désormais, les entreprises en perçoivent les opportunités et les défis et en débattent ouvertement.'

De nouvelles perspectives

Détecter les opportunités requiert une approche différente de la part d'un chef d'entreprise. Celui-ci a besoin d'une vision plus large, intégrant la perspective non seulement économique, mais aussi sociale et sociétale.

Katleen De Stobbeleir: 'Un chef d'entreprise doit oser remettre en question la situation actuelle et être prêt à emprunter des chemins inexplorés en quête de nouvelles solutions. Cela signifie qu'il doit évoluer d'un leadership 'command-and-control' vers un leadership inclusif, ce qui nécessite une approche multidisciplinaire. Les problèmes sont souvent si complexes que penser en silo devient impossible.'

Un chef d'entreprise doit évoluer d'un leadership 'command-and-control' vers un leadership inclusif.

Katleen De Stobbeleir - professeur de Leadership à la Vlerick Business School

Authenticité et dialogue

La principale mission des leaders inclusifs est de faire entrer dans l'entreprise ce qui se passe à l'extérieur. Tout leader qui se concentre non seulement sur ses actionnaires directs, mais aussi sur toutes ses autres parties prenantes, doit d'abord comprendre les besoins de ces dernières.

Nouer le dialogue est le point de départ, selon Katleen De Stobbeleir. 'Dialoguer avec vos collaborateurs', dit-elle, 'mais aussi avec vos clients. Une culture d'ouverture, de transparence et de débat importe plus que la règlementation et les codes de conduite. La cocréation et la participation jouent également un rôle important à cet égard.'

'Vous devez aussi être authentique', ajoute-t-elle. 'En tant que chef d'entreprise, vous devez avoir un projet convaincant pour que les gens y adhèrent, pour que vos collaborateurs le portent à leur tour et l'intègrent dans leurs activités. Donnez à vos collaborateurs la possibilité de développer leurs compétences et de contribuer à donner forme à votre projet. Vous bouclez ainsi la boucle et vous réalisez effectivement ce que vous dites que vous allez faire.'

Vu de l'extérieur, comment pouvez-vous mesurer le degré d'implication d'une entreprise? Katleen De Stobbeleir: 'L'implication des parties prenantes et l'authenticité s'expriment souvent dans la manière dont les entreprises organisent leur hiérarchie, leur structure de rémunération, la diversité de leurs équipes, etc. Ces questions sont indissociables: la diversité au sens large ne peut enrichir le débat que si la confiance mutuelle est suffisante. La hiérarchie joue ici un rôle crucial: créer la confiance et veiller à impliquer tout le monde.'

Devenir plus durable sans ralentir la croissance

Durabilité et plus-value financière ne doivent pas se concurrencer. 'Notre monde est plein de contradictions.

Les enseignants doivent dispenser un enseignement de qualité tout en faisant des économies, les chercheurs doivent innover, mais la réglementation bride leurs travaux, les entreprises doivent prendre le virage de la durabilité, mais sans compromettre leur croissance.

Cela revient à concilier deux réalités apparemment incompatibles.'

'La mission est impossible tant que vous abordez la contradiction dans une logique exclusive', poursuit-elle. 'Car vous devez alors choisir. Et choisir, c’est renoncer. Mais si on laisse la contradiction pour ce qu'elle est, l'aborder dans une logique inclusive permet de s'ouvrir à des solutions possibles. La contradiction intrigue. Elle se mue alors en un défi intéressant et donne de l'énergie. Si l'on oppose durabilité et croissance économique, cela implique de poser la question suivante: comment devenir plus durable sans compromettre la croissance?'

Les entreprises doivent prendre le virage de la durabilité sans compromettre leur croissance. Cela revient à concilier deux réalités apparemment incompatibles.

Katleen De Stobbeleir - professor Leadership Vlerick Business School

Développer un nouvel état d'esprit

Les nouveaux dirigeants partent de cette 'pensée paradoxale'. Selon Katleen De Stobbeleir, vous pouvez également développer cet état d'esprit. 'Vous commencez par chercher les contradictions, de préférence avant qu'elles ne soient perceptibles', commence-t-elle.

'Ensuite, vous essayez de les nommer sans porter de jugement, afin que chacun prenne conscience des différents points de vue et apprenne à apprécier ces différences.

Enfin, vous cherchez un dénominateur commun. Le dénominateur commun entre la durabilité et la croissance pourrait être le client. Pour celui-ci, la durabilité devient progressivement un nouveau minimum: viser la croissance implique par conséquent de tenir compte de cette nouvelle réalité.'

Un moyen d'attirer des talents

Les avantages d'un nouveau leadership s'imposent progressivement. Car ceux qui pensent et agissent de cette manière sont mieux armés pour relever les défis futurs. Les personnes qui pratiquent la pensée paradoxale se sentent mieux et réalisent aussi de meilleures performances lorsqu'elles sont confrontées à des exigences plus élevées et à des moyens plus limités', explique Katleen De Stobbeleir. 'Ne sommes-nous d'ailleurs pas tous confrontés à un renforcement des exigences et à la raréfaction des ressources?'.

Attirer les talents et instaurer l'autoréflexion sont des atouts supplémentaires. Les 'young potentials' souhaitent avoir un 'but' dans leur travail. Ils veulent un emploi faisant appel à leurs compétences, mais ils veulent aussi un employeur qui consolide notre société et notre économie.

Alors que la durabilité concerne tout ce que l'entreprise peut faire pour contribuer à un monde meilleur et comment elle peut le faire, la finalité est le pourquoi de vos actions et de vos efforts. Katleen De Stobbeleir: 'Si vous intégrez cela dans votre gestion, vous donnez à vos collaborateurs un sentiment d'utilité, ce qui renforce leur engagement à atteindre ces objectifs de durabilité, aussi difficiles soient-ils.'

Un signal pour les investisseurs

Pour les investisseurs, il est intéressant de détecter les entreprises où un nouveau leadership ouvre la voie, signe de garantie pour l'avenir. KBC les recherche également. Kenneth De Bruycker, expert en investissements durables et socialement responsables chez KBC Asset Management, explique: 'Nous utilisons une méthode de sélection des entreprises 'Best-in-Class'. Cela signifie que nous investissons uniquement dans des entreprises ou des États qui obtiennent les meilleurs résultats en matière de critères ESG au sein d'un groupe de pairs. Nous donnons ainsi un coup de pouce aux leaders de la durabilité et nous encourageons les autres à s’engager sur la même voie.'

KBC alloue aux entreprises un score global basé sur trois piliers: environnement, société et bonne gouvernance. 'La gouvernance est un élément important de ce score', déclare Kenneth De Bruycker. 'Nous examinons, par exemple, la qualité de la gestion, l'indépendance du conseil d'administration, la transparence en matière de rémunération et d'impôts, et la qualité des rapports financiers.'

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Cet article est purement informatif et ne doit pas être considéré comme un conseil en investissement.

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